Alicia a 10 ans. Elle est en CM2 et elle n’aime ni lire ni écrire. Quand elle lit, les lignes, les mots et les lettres s’emmêlent. Quand elle écrit, elle doit réfléchir pour chaque mot. Mais depuis quelques jours, Alicia a un secret…
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Alicia a 10 ans. Elle est en CM2 et elle n’aime ni lire ni écrire. Quand elle lit, les lignes, les mots et les lettres s’emmêlent. Quand elle écrit, elle doit réfléchir pour chaque mot. Alicia est dyslexique.
Elle le sait depuis le CP. Alors que les autres enfants apprenaient à lire au rythme des leçons, Alicia ne comprenait pas, malgré tous ses efforts, comment se forment les sons. Et quand, il fallait écrire, c’était panique à bord. Ses parents avaient beau la faire travailler 2 fois plus que les autres enfants, elle progressait lentement et devait apprendre par cœur chaque mot.
Et pourtant, à l’oral, Alicia est une vraie championne. Elle mémorise tout ce que dit la maîtresse et s’intéresse à beaucoup de choses.
Depuis le CP, Alicia voit l’orthophoniste 2 fois par semaine, à l’heure du déjeuner. Elle sait que cela l’aide beaucoup mais elle en a assez, elle préférerait manger à la cantine avec ses copines.
Mais depuis quelques jours, Alicia a un secret… Elle s’entraîne avec un ergothérapeute pour apprendre à se servir d’un ordinateur. Elle doit mémoriser chaque touche du clavier et pouvoir trouver les lettres et les différentes touches les yeux fermés. Elle apprendra ensuite à se servir des différents logiciels et à enregistrer les documents pour les envoyer à la maîtresse. Elle travaille dur pour mémoriser 5 touches par séance. Grâce à son ordinateur, à son correcteur orthographique et à sa synthèse vocale, finies les fautes d’orthographe, les lectures interminables et le découragement qui va avec.
Alicia est habituée à faire des efforts. Elle en fait tous les jours, à l’école, à la maison, dans la rue. Lire et écrire n’ont pour elle rien de naturel malgré ses 10 ans. Mais, grâce à son ordinateur, elle sent que cela va être différent et elle réussit à mobiliser toute son énergie à chaque séance d’ergothérapie. Elle a décidé qu’elle emporterait son ordinateur en classe après les vacances de Noël et elle est bien décidée à tenir cet objectif. Elle s’entraîne même à la maison après la classe.
Enfin vient le grand jour, ses parents, sa maîtresse, l’orthophoniste et l’ergothérapeute sont d’accord : Alicia est prête à utiliser son ordinateur en classe.
La maîtresse explique aux enfants les raisons du changement de place d’Alicia qui doit être à côté d’une prise électrique pour charger son ordinateur. Elle leur explique également que cela va l’aider à surmonter ses difficultés. Les enfants écoutent sagement et n’ont aucune question. La 1ère matinée se passe bien même si Alicia est très stressée : se servir de son ordinateur en classe est beaucoup plus compliqué que s’entraîner à la maison. Elle s’accroche et parvient à enregistrer la leçon d’histoire et à répondre aux questions.
Mais à la récréation, tout bascule.
Alors qu’elle discute tranquillement avec ses copines, plusieurs enfants la traitent de tricheuse et la bousculent. Au moment où la maîtresse intervient, ils la traitent de « sale chouchoute ». Alicia n’en peut plus et se met à pleurer. La maîtresse essaye de la consoler mais en vain. Le soir, Alicia refuse de se servir de son ordinateur pour faire sa rédaction de français et le lendemain, elle ne veut plus emporter son ordinateur en classe. Alicia est fatiguée par tous les efforts qu’elle doit faire pour étudier comme tout le monde et elle vit très mal la méchanceté de ses camarades.
Ses parents ne savent pas comment l’aider et décident d’en parler à la maîtresse. Cette dernière leur propose de préparer un exposé sur la dyslexie avec Alicia. Elles travaillent dur pendant plusieurs récréations car Alicia prépare les textes et cherche des images sur son ordinateur. Sa maîtresse l’aide beaucoup.
Le jour de l’exposé, Alicia monte sur l’estrade avec son ordinateur et présente son travail. Elles parlent même des autres troubles de l’apprentissage et du handicap en général. Plusieurs enfants sont surpris car certains pensaient qu’un enfant dyslexique, c’est quelqu’un de bête et qui travaille mal à l’école.
Depuis ce jour, Alicia n’a plus peur lorsqu’elle sort son ordinateur en classe. Certains enfants un peu jaloux font des mauvaises blagues « Maîtresse, Alicia joue aux jeux vidéo au lieu de travailler ! » mais Alicia a appris à ne pas y faire attention… La directrice de l’école lui a demandé de présenter son exposé dans d’autres classes et plusieurs enfants sont venus lui poser des questions.
Alicia ne sait pas encore quel métier elle fera plus tard mais, avec son ordinateur, plus rien ne l’arrête 😊.