Léa a 10 ans. Elle est en Cm2 à l’école primaire.
Depuis toute petite, Léa est une enfant engagée. Elle est déléguée de classe et élue au conseil municipal des enfants. Alors quand il s’agit d’organiser un tournoi de foot, pas question que seuls les garçons jouent…
Lire l'histoire
Léa a 10 ans. Elle est en Cm2 à l’école primaire.
Depuis toute petite, Léa est une enfant engagée :
A l’âge de 3 ans, elle voulait sauver tous les gendarmes de l’école. Pas les vraies personnes qui exercent le métier de gendarme, non les petits insectes noir et rouge…
A 4 ans, elle avait décider de lutter contre l’enfermement des poissons dans les bocaux et les aquariums et se disputait avec tous ceux qui détenaient des poissons captifs.
A 5 ans, Léa voulait interrompre la circulation des voitures la nuit pour permettre aux hérissons de traverser les routes sans se faire écraser. Seul le système d’alarme de la maison l’empêchait de sortir la nuit pour bloquer la circulation.
A 6 ans, elle avait convaincu ses parents d’installer pas moins de 10 petites maisonnettes dans le jardin pour accueillir les mésanges.
A 7 ans, elle voulait empêcher les mésanges de manger les limaces et ses parents de tenter d’exterminer ces mêmes limaces : « Mais voyons papa et maman, ce sont des êtres vivants eux-aussi ! »
A 8 ans, Léa a commencé à se passionner pour le tri sélectif et le recyclage. Cela fut une année très difficile pour le voisinage car Léa avait monté une équipe de vérification de la qualité du tri avec ses copines. Elles n’hésitaient pas à sonner à la porte des voisins ayant placé une bouteille dans le bac de tri sélectif sans en avoir préalablement enlevé le bouchon qui, comme chacun sait, se recycle à part 😊
A 9 ans, elle se présenta comme délégué de classe et eu la sensation d’avoir trouvé sa place. Elle porta avec beaucoup de conviction de nombreux projets et obtint des trucs supers pour l’école : une table de ping-pong, des cerceaux, la création d’une journée à trottinette dans l’enceinte de l’école, la permission de décorer les fenêtres en fonction des saisons, une vente d’objets créés à partir d’éléments recyclés…
A 10 ans, Léa fut non seulement élue à nouveau déléguée de classe mais elle devint également membre du Conseil municipal des enfants. Déjà très pointue en écologie, c’est à cette période qu’elle découvrit le féminisme et… une occasion concrète de mettre en œuvre ses nouvelles convictions sur l’égalité entre garçon et fille…
L’équipe du conseil municipal des enfants souhaitait organiser un tournoi de foot inter-écoles plutôt que la traditionnelle course à pied. L’idée plaisait beaucoup mais très vite apparurent les premières résistances.
Le meilleur joueur de l’équipe de foot de l’école de Léa refusa d’intégrer des filles à l’équipe sous prétexte qu’elles ne savaient pas jouer, qu’elles pleuraient dès qu’on les bousculait et surtout parce que les filles, ça ne joue pas au foot !
Ce scénario se répéta dans presque toutes les écoles de la ville à l’exception d’une seule dont le meilleur élément de l’équipe de foot était…une fille qui, elle, acceptait d’intégrer des garçons. Elle ne se posait même pas la question tant que la personne avait envie de jouer.
Cela devenait vraiment très compliqué et les enfants du conseil municipal songeaient même à abandonner. Mais Léa eut une idée… elle demanda à Elsa qui jouait au foot en club et qui était le capitaine de l’équipe de foot d’une autre école d’entraîner les filles.
Le papa d’Elsa était l’entraineur du club de foot et il trouva l’idée géniale d’autant plus que cela faisait longtemps qu’il souhaitait monter une équipe de filles.
Elsa et son père organisèrent donc des entraînements tous les samedi matin. Il n’y eut pas beaucoup de filles au départ puis elles vinrent, de plus en plus nombreuses, à chaque entraînement.
Ils furent même victimes de leur succès car les mamans avaient aussi envie de jouer.
En parallèle des entrainements, le conseil municipal des enfants continua à travailler sur l’organisation du tournoi. Ils imposèrent la mixité totale pour chaque équipe participante. Seules les équipes ayant le même nombre de garçons que de filles pouvaient participer au tournoi.
Cela créa un sacré bazar dans toutes les écoles de la commune au moment de la récréation car les garçons furent bien obligés de s’intéresser au niveau des filles et donc de jouer au foot avec elles. Quelle ne fut pas leur surprise en découvrant qu’elles savaient jouer et parfois même très bien !
Les enseignants organisèrent des entrainements pendant le temps dédié aux activités sportives et plus le tournoi approchait, plus les enfants avaient du mal à se concentrer en classe.
Enfin le jour du tournoi arriva et ce fut un véritable succès.
Depuis, chaque année, cette petite ville organise un tournoi de foot obligatoirement mixte.
Quant à Léa, j’ai entendu dire qu’elle était maintenant à l’université et qu’elle prévoyait de faire de la politique…