Arthur, 8 ans, revient sur la période du confinement. Il partage ses impressions et ses craintes.
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Bonjour, moi c’est Arthur, le narrateur. J’ai 8 ans et je vis dans une petite maison à 30km de Paris avec mes parents et ma grande sœur. Je suis resté confiné à la maison 2 mois à cause du coronavirus. Je n’en pouvais plus ! Confinement et coronavirus, voilà deux mots que je ne connaissais même pas au début du CE2 et qui ont pris beaucoup trop de place dans ma vie.
Au début, lorsque mes parents m’ont obligé à regarder le discours du président à la télévision en m’expliquant que c’était un moment historique, cela m’a bien fait rire. C’était surtout une super bonne nouvelle cette fermeture des écoles. Plus besoin de se lever le matin pour aller en classe, plus de devoirs… des vacances en fait ! Mais c’était sans compter sur ma maîtresse… Figurez-vous qu’elle s’est entendue avec ma maman pour qu’elle assure l’école à la maison. Le 1er jour, ça n’a pas du tout marché et j’ai passé plein de temps à jouer à la console. J’ai trouvé ça super mais maman, elle, a râlé toute la journée : « Mais comment veulent-ils qu’on y arrive ? Je dois travailler depuis la maison, garder les enfants, préparer les repas et en même temps m’improviser professeur. Sans compter que c’est la guerre dans les supermarchés avec tous ces gens qui font des provisions… Et puis cette appli qui sature car tous les parents essayent de se connecter en même temps. Comment vais-je récupérer les devoirs ? Quelle galère ! » Elle n’arrêtait pas. Mon papa, lui, est artisan. Il a passé les 1ers jours à vérifier si les chantiers répondaient aux normes sanitaires. Je n’ai pas tout compris mais j’ai bien vu qu’il était super préoccupé.
Au bout d’une semaine, papa a décidé de faire tous les travaux qui demeuraient en attente à la maison et, comme ma sœur et moi nous avions du temps, nous sommes devenus ses assistants. Nous avons arraché l’horrible papier peint à fleurs jaunes de l’escalier de la cave, aidé à construire des étagères, accroché des cadres et fait tellement de petits trucs que je ne me souviens plus de tout.
De son côté, maman a choisi de nous mettre au jardinage l’après-midi et au sport en fin de journée. Une fois l’attestation remplie, nous partions courir avec notre chien autour de la maison.
Le matin, c’est réveil à 8H (maman dit qu’il faut garder le rythme) puis petit-déjeuner et école à la maison. Je suis épuisé ! Je soupçonne d’ailleurs nos parents d’avoir pour principal objectif de nous fatiguer. Mais un jour où je suis descendu en cachette, j’ai découvert que mon papa et ma maman travaillaient le soir, une fois que nous étions au lit.
Ma sœur et moi avons du temps libre en début d’après-midi et avant le dîner. Au début, j’ai râlé car j’aurai aimé avoir plus de temps pour jouer aux jeux vidéo mais en discutant avec mes copains en visio whatsapp, j’ai compris que j’avais de la chance car ils me disent souvent qu’ils s’ennuient.
Gros point positif du confinement : les repas ! Fini la cantine dégoutante, bonjour les petits plats maison 😊. Parfois le soir, avant de se coucher, nous fabriquons notre propre pain. J’adore pétrir la pâte et façonner les petits pains que nous mangerons au petit déjeuner. Avec ma grande sœur, nous faisons aussi des gâteaux pour le goûter. C’est compliqué de bien calculer les quantités car il faut faire des multiplications et bien connaître les unités de mesure. Du coup, comme nous sommes gourmands, nous avons fait des gros progrès en mathématiques !
Au bout de 3 semaines, maman a eu beaucoup moins de travail et le confinement est devenu super. Nous avons fait beaucoup d’activités en famille et j’ai adoré ça. J’appelai aussi souvent mon grand-père et ma grand-mère qui habitent dans un appartement tout près de Paris. Ils étaient tristes de ne pas nous voir et cela les rendait malheureux de ne pas pouvoir sortir car ils ont l’habitude de faire beaucoup de promenade.
Mais un jour, j’ai appris que la maman d’un copain avait été emmenée à l’hôpital parce qu’elle toussait beaucoup et qu’elle avait du mal à respirer. Mon copain m’a expliqué que ce sont les pompiers qui sont venus la chercher pour l’emmener à l’hôpital. Son papa et lui ont eu très très peur car elle était vraiment super malade. Elle a mis longtemps à guérir et elle était encore fatiguée quand elle est rentrée à la maison presque à la fin du confinement. Mon copain et son papa sont restés tout seuls chez eux et ne sont pas sortis pendant 3 semaines pour éviter de contaminer d’autres personnes. Ils n’ont même pas eu le droit d’aller la voir à l’hôpital. Mon copain m’a expliqué qu’on peut être malade sans que ça se voit. J’ai trouvé ça bizarre mais j’ai compris que c’était très dangereux : si on ne sait pas qu’on est malade, on ne peut pas savoir qu’on doit faire attention.
C’est mon papa qui faisait les courses pour eux et les déposait sur le trottoir devant leur porte. Il mettait son masque spécial chantier pour sortir et ressemblait à Dark Vador dans StarWars.
Quand mon copain m’a appris en visio que sa maman était super malade, j’ai compris que le coronavirus pouvait toucher n’importe qui et pas seulement les personnes âgées. Mon copain a beaucoup pleuré car il pensait que sa maman allait mourir. Alors, moi, j’ai commencé à avoir peur de cette maladie invisible qui peut rendre les gens très très malades et les tuer. Je ne voulais plus sortir même pour promener mon chien. Nos voisins d’en face aussi ont été malades. Ils n’avaient presque plus de force alors qu’ils sont super sportifs d’habitude.
Quand le gouvernement a annoncé la fin du confinement, cela a été très bizarre : pas de retour en classe pour ma sœur et moi, pas de retour au bureau pour maman et beaucoup beaucoup trop de travail pour mon papa qui partait à 5h00 le matin et rentrait pour le dîner. Il nous racontait que de nombreuses personnes ne faisaient plus du tout attention.
Soudain, maman a eu à nouveau énormément de travail comme au début du confinement et c’est devenu compliqué. La directrice de l’école a réussi à s’organiser pour que nous retournions en classe. Les récréations étaient supers car la maîtresse organisait des parcours sportifs pour respecter les règles de distanciation. Nous laissions les cartables à l’école et nous n’avions pas de devoirs le soir. Mais je ne me suis jamais autant lavé les mains.
Demain nous partons en vacances chez des copains dans le sud de la France. Papa et maman nous ont expliqué que nous n’irions pas à la plage comme d’habitude à cause du covid19. Je ne comprends pas pourquoi mes parents font encore attention alors qu’aux informations, je vois bien que beaucoup de gens vivent normalement.
Nous avons revu mes grands-parents mais sans faire de câlins ni de bisous. Ma grand-mère m’a offert 2 masques en tissu qu’elle a cousu pendant le confinement. Ils sont bien à ma taille et je les porte pour aller dans les magasins. Ils ne sont pas aussi chouettes que le masque de Dark Vador de mon papa mais ils me protègent bien.
J’espère qu’il n’y aura plus le coronavirus quand je serai en CM1 car la visio, c’est bien mais jouer avec mes copains pour de vrai, c’est quand-même beaucoup mieux !